martes, 24 de agosto de 2010

Stéphane Mallarmé, un sonnet

Sonnet
(Pour votre chère morte, son ami.) 2 novembre 1877




Sur les bois oubliés quand passe l'hiver sombre

Tu te plains, ô captif solitaire du seuil,

Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil

Hélas! du manque seul des lourds bouquet s'encombre.

5Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre,

Une veille t'exalte à ne pas fermer l'oeil

Avant que dans les bras de l'ancien fauteuil

Le suprême tison n'ait éclairé mon Ombre.


Qui veut souvent avoir la Visite ne doit
10Par trop de fleurs charger la pierre que mon doigt

Soulève avec l'ennui d'une force défunte.


Ame au si clair foyer tremblante de m'asseoir,

Pour revivre il suffit qu'à tes lèvres j'emprunte

Le souffle de mon nom murmuré tout un soir.